Coucher de soleil sur Marseille au soir du 31ème jour de confinement. Je vois bien que certains, en ces temps à broyer du noir, trouvent refuge dans l’essentiel oublié. Quelques-uns se remettent à faire du pain, d’autres redécouvrent l’ennui. Moi, je reviens à la photographie de mes débuts, celle où il fallait être un peu chimiste et avoir une patience d’illuminé. J’ai donc dépoussiéré un vieux Leica II de 1932 et sa rarissime optique Leitz Hektor qui appartenait à ma mère, et utilisé un film Kodak Tri-X 400 de 18 ans d’âge, largement périmé, et qui avait dû s’égarer au fond d’un de mes tiroirs lorsque l’aire numérique nous a tous englouti. Recette plus qu’improbable et pourtant…Une fragile étincelle qui s’éteint dans l’obscur de la nuit, la poésie de l’imperfection est au rendez-vous, celle dont nous avons fait le deuil en ce début de 21ème siècle au nom de la productivité.
S.P.